Tatouvu, 15 novembre 2004, par Manuel Piolat Soleymat

Habitant d’une cité labyrinthique aux multiples langages, le traducteur Samuel Molina est confronté a l’absurdité d’une Administration contrôlant les moindres rouages de cette société. Il plonge dans un cauchemar des plus kafkaïens le jour où il a le malheur de perdre ses lunettes. Procédant aux longues et fastidieuses démarches nécessaires pour obtenir le droit de les récupérer auprès du service des objets trouvés, il s’aperçoit que son dossier personnel a disparu et qu’ainsi, il n’a plus aucune existence légale. Poursuivi par l’Administration qui veut conformer la réalité de la ville à celle de ses registres (elle tente de le supprimer), handicapé par sa lourde myopie, il reste pourtant chargé de traduire un ouvrage mystérieux écrit dans un dialecte inconnu. Cette tâche lui ouvre la porte d’univers insoupçonnés. Felipe Hernández fait plus que confirmer le talent qu’avait révélé La Dette (2003), premier de ses écrits traduit en français. Dépeignant de nouveau un univers étrange et inquiétant, il allie suspense et poésie pour créer un roman foisonnant. Mieux qu’un simple thriller, Éden porte une réflexion captivante sur l’apparence, le langage et les différentes appréhensions possibles du monde.