Libération, 13 mars 2003, par Philippe Lançon

Un dessinateur presque au chômage joue mal du violoncelle, mais que faire d’autre ? Il va négocier chez le prêteur sur gages qui lui a permis d’acheter l’instrument. Il assiste à sa crucifixion et à son garrottage par un créancier mécontent. Ce créancier, Alejandro Godoy, comme Godot et Molloy, reprend la dette du dessinateur et s’installe au-dessus de chez lui. Un inspecteur des impôts, sorte d’ange fonctionnaire, entre en scène. Saisissant roman enténébré de mystère, mi-policier mi buñuelien. Fantastique et réalisme s’y unissent dans une précision sèche et taxidermique, pour accoucher de la culpabilité et de l’effondrement.