Le Monde des livres, 11 janvier 2013, par Stéphanie Dupays

Méditations funèbres

« Quand je partirai, je ne veux pas que tu viennes à mon enterrement », menace ici le père. Et dans ce beau roman de l’Autrichien Josef Winkler, lauréat en 2008 du très disputé Prix Büchner, ce vœu est exaucé. Lorsque s’éteint à l’âge de 99 ans son géniteur tyrannique, le narrateur-écrivain est à Tokyo, évitant ainsi le retour redouté au pays natal, Kamering, en Carinthie. Avec ce texte, condensé baroque et suffocant des obsessions qui hantent son œuvre – la mort, les rituels funéraires, les souffrances d’une enfance rurale – Josef Winkler rend un hommage ambigu à son père aussi aimé que craint. Il signe là une oraison funèbre à la beauté aussi fulgurante qu’impitoyable. Une excellente occasion de découvrir l’un des auteurs majeurs de l’Autriche contemporaine.