Page des libraires, novembre 2000, par Yann Granjon, Librairie Sauramps (Montpellier)

Recueillant de la bouche de son père le récit de trente-six vies dévastées par la guerre et un système social bâti sur la peur et la haine de soi, le narrateur tente de rendre hommage à ces victimes oubliées. À travers la métaphore de la mise au tombeau des ossements de ces morts, il fait l’impressionnante chronique après-guerre d’un village de Carinthie écrasé sous le poids d’une religion mortifère. Au fil de cette danse macabre, la violence et la beauté fiévreuse, fruits du contraste continu entre la langue classique de l’auteur et les faits qu’il évoque, la construction bâtie sur le retour d’images obsédantes et l’absence paradoxale de tout sentiment de révolte donnent un écho singulier au texte. On retrouve dans cet ouvrage l’univers et les préoccupations métaphysiques et politiques d’un auteur proche d’une Elfriede Jelinek ou d’un Bernhardt, en révolte contre une Autriche aux secrets insondables.