Orients, Bulletin de l’AAÉALO, octobre 2011, par Yohanan Lambert

« Mais au juste, qu’est-ce que je cherche à faire ? Mon livre sur Haris [son frère], ce livre que je ne pouvais écrire sur lui, ne se trouve-t-il pas déjà derrière moi ? N’est-ce pas précisément Le Carnaval et Karaghiozis, ce livre avant tout dédié – et ce n’est pas un hasard – à sa mémoire ? En y évoquant, comme on le fait dans une étude, des réalités qui m’étaient extérieures, ne parlais-je pas en même temps de Haris et de moi ? Et le livre que je brûle d’écrire, que j’ai peut-être déjà commencé à écrire avec ce préambule du mois de décembre – voilà presque quatre ans déjà – pour l’abandonner ensuite, qu’est-il donc ? Un livre de mémoire ? Un récit autobiographique ? Ou bien un essai romanesque ? Quelque chose comme un roman ou une sorte d’étude ? Sera-t-il même écrit un jour ? » (p. 16).

Le Dicôlon est un personnage du théâtre populaire grec qui porte en permanence sur son dos le corps mort de son frère. Haris, le frère, confronté au désenchantement entre une Grèce mythique et une Europe idéalisée, finira par se suicider dans la solitude de l’exil.

Tout le livre porte sur cette dualité permanente entre la vie et la mort que nous portons tous en nous. « Et si nous étions tous d’une certaine manière Dicôlon ? ».
Yannis Kiourtsakis est né à Athènes en 1941. Il a fait des études de droit à Paris où il a vécu pendant une dizaine d’années. Romancier et traducteur, il a reçu plusieurs prix. Le Dicôlon est paru en grec en 1995.