La Quinzaine littéraire, février 1997, par Tiphaine Samoyault

Deux litanies, deux itinéraires opposés traversent le texte dans tous les sens : celle du « Je me souviens de tout » parcourt la mémoire immémoriale par strates circulaires, confond les animaux et les êtres, le silence avec l’indétermination, la perte d’identité, la non-parole. Celle, inverse du « je ne m’aimais pas » soustend l’itinéraire linéaire de l’errance, le voyage, la volonté d’aller sur la mer, la rencontre avec la petite fille, l’inéluctable ligne du gâchis. […]

Le texte crée aussi une forte tension entre l’intérieur et l’extérieur, entre les questions absentes et les réponses qui construisent le récit. C’est un monologue chargé d’odeurs et de cris, de silences et de peurs, rendus presque palpables par une écriture où tout cogne et renvoie […].

Une des forces de ce texte bref et lent réside dans une attention collant à la matière, aux matières les moins nobles, à son écriture crue et miraculeusement gênante.