Le Magazine littéraire, avril 1995, par Pierre-Marc de Biasi

Sous le bel écrin jaune des éditions Verdier, Le Parloir rutile comme un petit bloc d’obsidienne tombé du ciel : une matière noire intense, mystérieuse, mais translucide sous certains angles, et comme irisée de l’intérieur par l’arc-en-ciel d’une lumière heureuse et familière. Un monument de mémoire qui tient dans la main.Cette micrométéorite de 90 pages sera lue plus tard comme La Lettre du voyant de Pierre Dumayet. C’est un roman, excessif, lacunaire et sec comme un dialogue de Beckett, intempestif et à mourir de rire comme une nouvelle de Queneau, un récit grave traversé ici et là par la blague de Flaubert, une histoire d’aujourd’hui, simple et cruelle aussi, comme certains textes de Duras ou de Toussaint. Mais c’est surtout, et à n’en pas douter, un sommet dans l’œuvre de Dumayet, un moment de haute conscience où le romancier nous donne à comprendre la géométrie non euclidienne de son écriture.