Les Onze : Grand Prix du roman de l’Académie française

Pierre Michon récompensé par l’Académie française

Le Monde, samedi 31 octobre 2009, par Alain Beuve-Méry

Le Grand Prix du roman de l’Académie française, qui ouvre la saison des prix littéraires d’automne, a été décerné, jeudi 29 octobre, à Pierre Michon, 64 ans, pour Les Onze. Ce prix, doté de 7 500 euros, peut-être considéré comme de très bon augure pour la suite des trophées. L’année 2009 pourrait se révéler un excellent cru littéraire.

Le Quai Conti a en effet décidé d’honorer l’un des plus importants écrivains français contemporains. L’auteur du roman Les Onze, paru chez Verdier au printemps, l’a emporté au troisième tour de scrutin par douze voix contre six à Renaud Camus pour Loin, paru chez Fayard, et une voix à Bruno de Cessole, qui a publié Le Moins Aimé aux éditions de la Différence.

Fruit de plus de quinze ans de recherche et d’écriture, Les Onze entrelace l’histoire d’un peintre (Corentin) et celle de la Révolution, à partir de la description d’un grand tableau qui serait exposé au Louvre, représentant les onze membres du Comité de salut public (Robespierre, Saint-Just…) pendant la Terreur. Dans ce roman court – 144 pages très denses –, l’écrivain imagine la rencontre de l’art et de la Révolution.

Ce livre paru en avril avait reçu un excellent accueil critique, et s’est vendu à ce jour à plus de 40000 exemplaires, ce qui constitue déjà un vrai succès de librairie pour une oeuvre littéraire. Il est repérable à la couverture jaune d’or des éditions Verdier, qui ont fêté leurs trente ans cette année et qui ont été récemment endeuillées par la disparition brutale de leur fondateur Gérard Bobillier (Le Monde daté dimanche 11-lundi 12 octobre), un homme dont Pierre Michon se sentait très proche. « J’admirais Bob à tel point que je n’ai jamais pu comprendre cette faveur qui m’était faite de recevoir en retour son approbation », disait-il, après sa disparition.

Pierre Michon est en effet un écrivain singulier, qui est passé de la maison Gallimard, où il a publié certains de ses plus beaux textes, comme Vies minuscules, en 1984 ou Rimbaud le fils, en 1991, pour rejoindre les petites éditions Verdier, où il se sentait en famille. En 2002, il avait reçu le Prix Décembre pour Corps du roi et Abbés, deux textes parus chez Verdier.

« Expérience extatique »

Né le 28 mars 1945 aux Cards, dans la Creuse, élevé par sa mère institutrice après que son père eut déserté le foyer familial, Pierre Michon a toujours montré un attachement viscéral à ses origines, au Limousin de son enfance et à l’Aquitaine, qui forment le cadre de bon nombre de ces récits. Il a lui-même fait des études de lettres, mais ne s’est jamais fixé dans une profession stable. Il a exprimé sa passion pour la littérature dans un recueil d’entretiens paru en 2007, Le Roi vient quand il veut (Albin Michel). Il y parle de son « expérience extatique » liée à la découverte des grands textes littéraires. Il voue un culte aux livres de Flaubert, Faulkner, Melville.

L’œuvre de Pierre Michon, riche d’une quinzaine de titres, se caractérise par des textes courts, à l’écriture à la fois ample et serrée, comme La Grande Beune (1996) ou encore Mythologies d’hiver (1997). Son style est souvent comparé à celui de Louis-René des Forêts, voire à celui de Julien Gracq. Il est enfin difficile de faire un court portrait de Pierre Michon sans parler de son visage. Il a une magnifique tête d’écrivain, que les photos rendent à merveille. Son regard capte la lumière et irradie dans le noir.

 

Grand Prix de l’Académie française, Pierre Michon : Les Onze ou le triomphe d’une langue en beauté

Lepoint.fr,  30 octobre 2009, par Valérie Marin La Meslée

Dans les locaux parisiens des éditions Verdier, maison d’une rare exigence tout récemment endeuillée par la disparition de son fondateur, Gérard Bobillier, l’émotion et la joie vibraient autour de l’écrivain Pierre Michon, primé pour son dernier roman, Les Onze, qui met somptueusement en scène le peintre de la Terreur. L’Académie récompense ici l’ensemble de son œuvre, qualifiée de « considérable ».

Qui est François-Élie Corentin ? Un peintre, mais d’abord un fils de ce Limousin pauvre et sombre dans le dix-huitième siècle révolutionnaire, où le roman de Pierre Michon nous fait entrer par une toile, en soulevant le rideau d’une scène où se prépare un coup de théâtre : la rencontre d’un artiste avec le cours suspendu de l’Histoire. Ce bref roman, entamé il y a dix-sept ans, que l’auteur a repris récemment, marque, dans la clarté d’une langue sublime, les retrouvailles avec la cadence du phrasé, l’élection des mots, la délicatesse des images et le pouls des colères, avec l’écriture, en somme, d’un des plus grands prosateurs contemporains. Les Onze « réunit » plusieurs Michon, de Vies minuscules à Vie de Joseph Roulin, l’écrivain pétri d’histoire et fasciné par la peinture, avec laquelle il tisse une telle intimité qu’un tableau sur la page est donné à vivre chaque fois comme un événement.

D’abord, il nous relate le destin de Corentin, jeune homme d’humble extraction qui s’élève à la force de l’amour des femmes, mère et grand-mère, en l’absence d’un père tout à sa « glandouille poétique », parti courtiser les salons littéraires parisiens. Le narrateur, s’adressant à un « Monsieur », en lequel chaque lecteur – lectrice incluse – répond présent, fait basculer l’ascension lumineuse du jeune peintre dans l’épouvante d’une époque à laquelle il devra sa gloire, en devenant l’auteur d’un tableau historique, dans tous les sens du terme. Les Onze, chef-d’œuvre exposé sous vitrine blindée au Louvre, représente en effet les membres du Comité de salut public, dont la liste des noms, de Prieur à Saint-Just, se déroule aussi poétiquement qu’un chant. Et comment ce tableau advint-il ? Par la commande – presque une figure à elle seule dans l’œuvre de Michon, souvenons-nous de Maîtres et Serviteurs – toute politique ici, et en forme de « joker » : Corentin accepte d’immortaliser ces hommes qui passeront à la postérité, certes, mais… Pour le meilleur ? Ou pour le pire ? Le peintre devra envisager, stricto sensu, la diabolique alternative…

Qui sait par cœur son histoire de la peinture n’aura aucun doute quant à la réalité de cette fiction. Qui l’ignore peut se passer de certitude. Car dans Les Onze, comme de toujours, Michon donne vie à ceux qui n’en ont plus ou pas eue, faisant advenir au monde Corentin et son oeuvre par le sacrement du langage, ouvrant avec lui de vertigineuses questions déroulées sur un fil cousu de récurrences autobiographiques. Ainsi, que leur présence relève de l’histoire ou de l’Histoire n’a aucune d’importance : le minuscule, chez Michon, prend la majuscule du grand art, celui de tous les possibles.

 

Michon, Grand Prix du roman de l’Académie française

Lefigaro.fr, 29 octobre 2009, par Blaise de Chabalier

Les immortels ont inauguré, jeudi, la saison des prix littéraires, qui se poursuivra lundi avec l’annonce des Prix Goncourt et Renaudot.
En récompensant Pierre Michon et son roman Les Onze (Verdier), les académiciens ont, selon les mots d’Hélène Carrère d’Encausse, récompensé « autant un livre qui fait la part belle à l’imagination que l’ensemble d’une œuvre rare, recherchée ». Cet écrivain peu connu du grand public, né en 1945 et élevé dans la Creuse, produit en petite quantité des livres considérés comme difficiles. Publié pour la première fois en 1984, avec Vies minuscules (Gallimard), Pierre Michon fut d’emblée salué par la critique. Depuis, l’auteur qui s’est vu décerner pour Corps du roi, en 2002, le Prix Décembre, poursuit son chemin, dans un style désuet, attachant et inspiré. L’écrivain a recueilli, au troisième tour de scrutin, douze voix contre six à Renaud Camus et une à Bruno de Cessole.

Coincé dans les embouteillages parisiens, Pierre Michon est arrivé quelques minutes après l’annonce de son prix. En parka de cuir noir, l’écrivain, visiblement ému, a juste réussi à dire, devant les micros et caméras qui l’entouraient : « Je suis extrêmement content et heureux. » L’émotion l’empêchant de poursuivre, il fallut donc attendre le cocktail et quelques verres de champagne pour que l’élu se confie davantage. Pierre Michon est revenu sur Les Onze : « C’est un livre qui évoque la Terreur et dans lequel je ne prends pas parti. Je tiens à préciser que je l’ai commencé il y a dix-sept ans et ne l’ai achevé que l’année dernière. » L’auteur reconnaît que son œuvre n’est pas d’un abord facile. Il confesse que, très souvent, ses lecteurs avouent sur les blogs n’avoir réussi à entrer dans ses livres qu’après plusieurs tentatives. « J’écris comme cela naturellement. C’est peut-être un défaut, mais j’essaie de simplifier. »

Une fiction audacieuse et originale

Avec Les Onze, le lecteur est projeté dans une fiction historico-artistique particulièrement audacieuse et originale. Pierre Michon a imaginé un peintre de l’époque révolutionnaire, François-Élie Corentin, auquel on aurait commandé un tableau monumental représentant les onze membres du comité de salut public, qui en 1794 instaura le gouvernement de la Terreur. Sont ainsi portraiturés, Robespierre, Saint-Just, Couthon et leurs acolytes.

L’occasion pour Michon, dans une langue toujours parfaitement maîtrisée, de mettre en scène le destin de son peintre. L’enfance puis l’ascension sociale du provincial, qui deviendra un artiste à succès, sont décrites avec force. Tout comme la commande du fameux tableau, à l’origine énigmatique. L’auteur en profite pour partir dans une réflexion sur les rapports entre l’art et le pouvoir. Tous sujets qui ont assurément séduit les académiciens.

 

Pierre Michon, Grand Prix de l’Académie française

RFI.fr, jeudi 29 octobre 2009, par Elisabeth Bouvet

Il est le premier lauréat de l’automne. Pierre Michon se voit couronné pour son roman Les Onze, publié aux éditions Verdier. Ce Grand Prix de l’Académie française 2009 récompense un auteur rare et discret, exigeant et précieux. […]

Pierre Michon ne le prendra sans doute pas mal si, à la faveur de cette distinction qui lui est remise, l’on évoque d’abord la mémoire de Gérard Bobillier, le fondateur des éditions Verdier, décédé le 5 octobre dernier, à l’âge de 64 ans. Il fut en effet le plus fidèle éditeur de Pierre Michon, avec lequel il a entretenu « un long compagnonnage d’amitié et de pensée », selon les termes même de la maison installée à Lagrasse dans l’Aude. Ils ont ensemble publié une quinzaine de textes courts.

Une localisation, dans le Languedoc-Roussillon, qui ne pouvait que convenir à Pierre Michon, sans doute l’un des auteurs français les plus discrets de ces vingt cinq dernières années. Né dans la Creuse en 1945, il n’est pas écrivain à faire parler de lui même si son entrée en littérature avec Vies minuscules, en 1984, fut aussitôt couronnée par le Prix France Culture. Un « label » qui en dit long du reste sur sa « famille littéraire », car Pierre Michon s’inscrit dans la lignée des Julien Gracq et Louis-René des Forêts, de farouches références quand l’on sait que l’un et l’autre vivaient en quelque sorte retiré.

Il partage également avec eux une langue d’une densité, d’une richesse, d’une justesse, d’une exigence, d’une érudition qui transparaît derrière chaque mot, chaque phrase, chaque ponctuation, chaque respiration. Lors de la parution des Onze, Pierre Michon est longuement revenu, au fil des entretiens qu’il a pu donner, sur le lent travail de maturation qui accompagne chacun de ses livres. Et de rappeler que celui qui lui vaut aujourd’hui d’être salué par les Immortels a nécessité plus de quinze ans de travail à la fois de documentation et d’écriture.

Attaché à « l’insignifiant » dans ce qu’il a de révélateur et finalement d’essentiel, Pierre Michon donne à entendre la voix de ceux qui n’ont guère le choix de s’exprimer, de ceux qu’on remarque à peine. Avec Les Onze, il surprend encore en s’emparant de l’une des périodes à la fois les plus exaltantes et – c’est la couleur dominante des Onze – les plus sombres de notre histoire, la Révolution française à travers un tableau qui n’a pas existé, mais qui, selon lui, aurait dû exister : ce fameux tableau représentant les 11 membres du Comité de salut public pendant la Terreur en 1793. En inventant ce tableau fictif, il comble d’une certaine manière un manque, révélant (on y revient encore) ainsi les parti pris de cette histoire que l’on dit avec un grand H.

Et si l’histoire est remplie de silences éloquents ou, dans le cas présent, d’absences parlantes, elle n’est pas non plus dépourvue d’ironie quand on songe que Michon, l’atypique, est récompensé par une institution tout ce qu’il y a de plus académique !

 

Pierre Michon Grand Prix de l’Académie française pour Les Onze

Lexpress.fr, jeudi 29 octobre 2009

L’Académie française a décerné son Grand Prix du roman à l’auteur des Vies minuscules.

Le Grand Prix du roman de l’Académie française ouvre la saison des prix littéraires.

Il couronne cette année Les Onze, de Pierre Michon (Verdier).

Pierre Michon a obtenu, au troisième tour de scrutin, 12 voix contre 6 voix à Renaud Camus, pour Loin (P.O.L.), et 1 voix à Bruno de Cessole pour Le Moins Aimé (La Différence).

Les Onze est un récit d’une centaine de pages sur une toile imaginaire de François-Elie Corentin, de 1794, durant la Révolution française, représentant les onze membres du Comité de salut public : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André. L’auteur confiait en mai à Alain Nicolas (L’Humanité, France Culture) : « Je suis très ambivalent sur la Terreur. Je ne peux pas ne pas la condamner en tant qu’humaniste. Mais le conformisme antiterroriste actuel ne me fera pas dévier de mon admiration pour ces hommes. Il y a une très belle phrase dans l’admirable préface aux discours de Robespierre de Slavoj Zizek : « Messieurs les théoriciens critiques, voulez-vous savoir ce qu’est la violence divine ? Regardez le gouvernement de la Terreur. » On assimile parfois la Terreur et les purges staliniennes, cela n’a rien à voir. Les violences de la Terreur se font dans l’urgence, sans plan préétabli, sans structures stables. Et ces gens qui s’entre-tuent s’aiment, voyez Desmoulins et Robespierre. »

Paru en avril aux éditions Verdier, récemment endeuillées par la mort de leur fondateur Gérard Bobillier, Les Onze a reçu un accueil unanime de la critique.

Pierre Michon, né le 28 mars 1945 dans la Creuse, où ses parents étaient instituteurs, est l’auteur d’une quinzaine de textes courts et recueils de nouvelles. Il s’est d’abord consacré au théâtre avant de publier son premier livre, Vies minuscules, à l’âge de 37 ans. Ce récit autobiographique est salué par la critique et obtient le Prix France Culture en 1984. Il a aussi publié un recueil d’entretiens en 2002, Le roi vient quand il veut.

Prix de la Ville de Paris pour l’ensemble de son oeuvre en 1996, il reçoit le Prix Décembre en 2002 et le Prix de littérature de la Société des gens de lettres en 2004.

Décerné depuis 1915, le Grand Prix du roman de l’Académie française (Fondation Broquette-Gonin), doté de 7500 euros, couronne chaque année un roman d’inspiration élevée publié en langue française.

 

Pierre Michon, Grand Prix du roman de l’Académie française

Telerama.fr, 29 octobre 2009, par Nathalie Crom

[…] Trois candidats restaient en lice, ce jeudi, pour l’attribution du Grand Prix du roman de l’Académie française – traditionnellement le premier décerné parmi les grands prix littéraires de l’automne. Au troisième tour de scrutin, Les Onze, de Pierre Michon (éd. Verdier) l’a emporté par douze voix contre six à Loin, de Renaud Camus (P.O.L.), et une voix pour Le Moins Aimé, de Bruno de Cessole (La Différence). Juste récompense pour l’auteur des Vies minuscules, qui a signé avec Les Onze un des plus beaux romans français de l’année, ce prix peut se lire aussi comme un hommage à Gérard Bobillier, directeur et fondateur – il y a tout juste trente ans, en 1979 – des éditions Verdier, décédé le 5 octobre, à 64 ans.

 

Pierre Michon reçoit le Grand Prix de l’Académie française

Fluctuat.net, 29 octobre 2009

C’est à Pierre Michon, auteur des Vies minuscules, que le jury de l’Académie française a aujourd’hui décerné son Grand Prix pour son roman Les Onze. Ce ne sera donc ni Renaud Camus (six voix), ni Bruno de Cessole (une voix), mais Pierre Michon, véritable incarnation de la grâce littéraire, sans aucun doute l’un des plus grands écrivains français contemporains. L’écrivain né aux Cards, âgé de 64 ans, marche sur les pas de ses illustres prédécesseurs : les Rimbaud, les Faulkner, les Proust et les Flaubert (auxquels il a sublimement rendu hommage dans Corps du roi).

Publiée en grande partie aux éditions Verdier (endeuillées par la mort de leur fondateur Gérard Bobillier) son œuvre peut également entrer en résonance avec des auteurs comme Macé, Quignard et Bergougnioux.

Œuvre majuscule de l’auteur, Vies minuscules, publié chez Gallimard en 1984, a révélé Pierre Michon comme l’une des plumes capables de dire, dans un même souffle littéraire, l’attachement à la nature (avec une puissance digne de Giono), la contradiction des hommes et la douleur d’écrire après d’autres. Dans Les Onze, son dernier livre, il fait revivre, en se basant sur un célèbre tableau, les onze membres du Comité de salut public qui, en 1794, instaurèrent la politique de Terreur.

 

L’Académie française couronne Pierre Michon

Livreshebdo.fr, jeudi 29 octobre 2009

Pierre Michon remporte le Grand Prix du roman de l’Académie française, au troisième tour par douze voix, pour son roman Les Onze (Verdier), paru au printemps dernier.

C’est au troisième tour par douze voix contre six pour Loin de Renaud Camus et une pour Le Moins Aimé de Bruno de Cessole, que Pierre Michon remporte le Grand Prix du roman de l’Académie française.

Il l’obtient pour Les Onze (Verdier), paru en avril dernier, et dont les ventes dépassent déjà les 30000 exemplaires.

Un retirage et une remise en place de 20000 exemplaires supplémentaires avec bandeau ont été immédiatement effectués dès l’annonce du prix.

Pierre Michon et les éditions Verdier, endeuillées par la disparition récente de leur fondateur Gérard Bobillier, obtiennent ce Grand Prix devant Bruno de Cessole et les éditions de la Différence, déjà finalistes l’an dernier, et Renaud Camus, chez P.O.L., éditeur également finaliste l’an dernier avec Julie Wolkenstein.

C’est le premier des six grands prix d’automne que les éditions Verdier, diffusées et distribuées par la Sodis (Gallimard), remportent depuis leur création, il y a tout juste trente ans.

Elles ont toutefois reçu le Prix Décembre avec Pierre Michon, en 2002, pour Abbés et Corps du roi, ses précédents romans. Elles avaient également obtenu le Prix du Roman France Télévisions il y a dix ans avec Michèle Desbordes pour La Demande.

Pierre Michon, fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet dernier, avait été déjà récompensé par le Prix France Culture en 1984 pour son premier roman, Vies minuscules, paru chez Gallimard et par le Prix Louis Guilloux en 1997 pour La Grande Beune, sa deuxième meilleure vente chez Verdier avec 22 000 exemplaires.

Son œuvre a par ailleurs été couronnée deux fois, par la Ville de Paris en 1996 et par le Grand Prix SGDL de Littérature en 2004.

Avec Les Onze, Pierre Michon a publié dix titres chez Verdier, qu’il a rejoint quatre ans après la parution des Vies minuscules, avec Vie de Joseph Roulin.

Viennent ensuite L’Empereur d’Occident (Fata Morgana, 1989), Maîtres et Serviteurs (Verdier, 1990), Rimbaud le fils (Gallimard, 1992)…

Surpris par l’intérêt de son éditeur Gérard Bobillier, Pierre Michon déclarait avec une grande modestie : « En fin de compte, cette faveur où il me tenait était, en mon âme et conscience, la seule preuve irrécusable de ma « valeur » littéraire ».

Selon le romancier, Les Onze, histoire d’un tableau imaginaire, « devait clore » sa série picturale, « et l’enrichir d’un peintre imaginaire, quand les autres étaient réels, célèbres ou obscurs. »

L’écrivain a en effet consacré quatre livres à des peintres, dont les ventes moyennes sont de l’ordre de 15 000 exemplaires.

Toutefois Pierre Michon, dont les blocages d’écriture sont fameux, ne cache pas qu’il a déjà entrepris l’écriture d’une suite à ce Grand Prix du roman.