La Quinzaine littéraire, 1er novembre 2008, par Hugo Pradelle

Dans ce livre, Jean-Jacques Salgon explore « l’odyssée » de Jean-Michel Basquiat, retrace des épisodes de sa vie, les ordonne autour de tableaux qui le marquèrent au plus haut point. Il rassemble le parcours d’un grand peintre : les errances urbaines du grapheur Samo, ses amitiés (avec Warhol et Jarmusch), ses amours et ses racines, les obsessions qui animent son œuvre, la reconnaissance, sa mort par overdose en 1988. Dans le même temps, le lecteur comprend l’aventure esthétique que vit Salgon, fils et petit-fils d’instituteurs ardéchois, et s’attache aux recherches qu’il mène sur Basquiat dans le monde entier. On est bien loin du pèlerinage admiratif ou de l’analyse jargonneuse, on se tient plutôt dans la tension du rapport intime, profond, qui s’exerce entre l’œuvre du peintre et l’expérience de l’écrivain.

Hors du champ de l’étude, selon un mode digressif et fragmentaire, Jean-Jacques Salgon fait se rapprocher deux univers. Il entrecroise deux destins, recherchant avec tendresse et admiration dans le travail du peintre les traces et les signes (comme les traits des tableaux et des dessins de Basquiat) qui entrent en écho avec sa propre vie. Passage d’un regard porté sur une œuvre colossale à la concordance de deux sensibilités. Salgon raconte sa vie quotidienne, ses amitiés, ses obsessions. Il aborde avec sensibilité les thèmes majeurs qui habitent les tableaux de Basquiat qui « semblaient faire naître en moi [en lui], comme le fracas et le grondement effrayant d’un orage, l’éclat brut et limpide d’un jour nouveau ». Ébloui, il confie son émoi profond devant cette peinture, le bouleversement de sa vie après l’avoir vue.