Le Monde, 24 mai 1991, par Patrick Kéchichian

Pour Bernard Simeone, l’exercice de la poésie est un travail de réminiscence, une exploration des signes, de chaque nom et lieu, que l’« hier immobile » recèle. Mais les mots ne peuvent dire qu’une perte, tracer dans l’air incertain le visage d’un deuil – celui par exemple de l’ami, le poète Giorgio Caproni –, constater enfin le vide laissé derrière « la trace exacte de mourir ». « La main, quoi qu’on dise, ne tremble pas dans les mots », écrit Simeone, comme pour mieux assurer son geste poétique. Cette « inquiétude » est pourtant, de part en part, tremblement ; tremblement que l’émotion du lecteur, reconnaissant son propre motif, perçoit en lui-même…