L’Écho, 15 septembre 2007, par Jacques Morlaud

En cette fin de 18e siècle, Julien Letrouvé sillonne les régions avec sa boîte contenant outre quelques articles de mercerie, des livres sortis de l’imprimerie Garnier. Au fil de ses pérégrinations, il multiplie les rencontres parfois heureuses, parfois plus sombres… Certaines sont plus marquantes que d’autres et, à travers elles, nous apprenons quelques détails sur les origines, l’existence, la personnalité du colporteur. Ainsi, ce dernier fut un enfant abandonné : « on l’avait découvert nouveau‑né à la corne d’un champ de seigle, recueilli au hameau, pourvu d’un nom, baptisé… ». Julien Letrouvé, qui ne savait ni lire ni écrire, sera notamment impressionné par cette femme, la « liseuse », qui lui narrait le contenu des livres de la bibliothèque bleue et fit sommairement son « éducation ». Il se promit de ne jamais l’oublier. Au hasard de son errance, une rencontre sera déterminante en 1792, celle, près du champ de bataille de Valmy, d’un soldat prusse déserteur, violé et devenu de ce fait meurtrier. Finalement, les livres colportés par Julien Letrouvé seront brûlés… la littérature serait-elle si dangereuse que cela ?