Ouest France, 13 mai 2011, par Xavier Alexandre

Laure Adler à Caen comme dans son jardin

Entretien avec Laure Adler. Propos recueillis par Xavier Alexandre.

L’historienne et productrice de France Culture participe au Salon du livre. Ce soir, à l’abbaye d’Ardenne, elle s’entretient avec Maurice Nadeau. Samedi, elle évoque Françoise Giroud et Marguerite Duras.

Laure Adler, historienne, journaliste et productrice de France Culture, Caen représente quelque chose pour vous ?

Un profond attachement. C’est la ville où ma mère est venue me donner naissance. Mes parents vivaient en Afrique. Quand ma mère y est repartie avec moi, je n’avais que huit jours. Au moment de l’indépendance de la Guinée, il a été recommandé aux ressortissants français de rapatrier leurs enfants. Ce départ de Conakry a été plutôt violent. Ma sœur et moi, nous nous sommes retrouvées chez ma grand-mère, qui habitait rue du Gaillon. J’y ai passé deux années très importantes pour moi, de 11 à 13 ans. Chaque été aussi, on les passait en Normandie, à Saint-Aubin-sur-Mer. La plage, les tennis, la promenade, les villas… Pour moi, rien n’a vraiment changé.

Il vous arrive d’y revenir ?

Bien sûr. Je vais certainement y retourner faire un tour ce week-end. Je renoue avec mes attaches à chaque fois que je vais à l’abbaye d’Ardenne, à l’institut Mémoires de l’édition contemporaine. J’y viens souvent travailler. Je suis très liée à ses directeurs, Olivier Corpet et Albert Dichy.

Justement, vous êtes ce soir, à l’Imec pour la soirée consacrée à Maurice Nadeau. Quelques mots sur ce monument de l’édition, bientôt centenaire ?

Maurice Nadeau, c’est le jeune homme le plus impétueux que le connaisse ! J’ai fait avec lui une série d’entretiens pour mon émission « Hors-Champs », sur France Culture. Je les ai repris dans un livre Le Chemin de la vie pour lequel nous avons eu d’autres conversations. J’ai la nostalgie de ces samedis matins où nous nous retrouvions pour cela. Maurice Nadeau est un homme extrêmement généreux, un découvreur de talents, un grand éditeur. Il a un humour ravageur pour lui-même et pour les autres.

Vous le connaissez depuis longtemps ?

Depuis l’époque où, jeune universitaire, je collaborais à La Quinzaine littéraire. C’est quelqu’un qui n’accepte pas l’admiration et ça n’est pas chez lui de la modestie feinte. Non, avec lui les liens deviennent vite de la camaraderie. Il place tout le monde à sa hauteur, c’est la marque de son génie.

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