Télérama, 22 janvier 1986, par Michèle Gazier

Ciselées

Souvent les nouvellistes sont aussi poètes. C’est le cas de Giorgio Caproni, l’un des grands traducteurs italiens de Proust, Baudelaire, Céline, Genet, Char, etc.

Deux nouvelles composent ce petit livre très soigné, toutes deux écrites dans les années 1944-1947, alors que l’Italie fasciste avait perdu la guerre.

Nouvelles en noir et blanc, nouvelles d’hiver, de froid, de givre, de mort. À peine colorées par le sang versé. Raideur du froid, de la glace, des membres engourdis ; pesanteur de l’atmosphère, d’une impossible stratégie ; tragédie muette d’un dernier parcours, cela tient dans quelques mots, quelques dialogues, quelques silences.

La maîtrise de l’écriture est absolue. Pas l’ombre d’un bavardage. Giorgio Caproni a ciselé des fleurs de givre.