Techniques et architecture, par Pascale Blin

« Des esplaces sont nés », affirme l’auteur. Par esplaces il entend, des espaces qui ne seraient ni des lieux, ni même des non-lieux ; des espaces qui flotteraient librement, détachés de toute image du monde ; des espaces qui tout comme ils seraient apparus pourraient disparaître au travers des processus complexes que sont la construction, l’architecture, etc. ; des espaces inattendus donc pour le regard strictement professionnel ; mais des espaces enrichis d’une poésie descriptive.
Benoît Goetz enseigne la philosophie à l’Université de Metz, et nous offre dans cet ouvrage une douce poétique de l’architecture. Il tente ainsi de réconcilier les deux mondes de l’architecture et de la philosophie qui depuis fort longtemps maintenant (la fin de la Renaissance, semblerait-il) témoignent d’un désintérêt réciproque. « L’éclipse », telle qu’aucune pensée ne pouvait apparaître en rapport avec l’architecture, serait donc appelée à disparaître… Mais qui est aujourd’hui suffisamment armé pour entendre les termes de cette réconciliation ? Les philosophes sans doute ; les historiens peut-être ; mais les architectes ? Quoi qu’il en soit ce livre a le mérite de confirmer qu’un espace de rencontre s’est ouvert. Un espace où se sont engouffrées des approches différentes mais toutes visant à démêler « quelques fils dans la pelote serrée de l’entrelacs architecture/philosophie ». Un espace ou un Esplace ?