Notes bibliographiques, juin 2007

Dans une ville sans nom, la chasse aux Juifs bat son plein, des trains partent régulièrement vers une destination inconnue. Abandonnés, des enfants errent dans les rues, fuyant les contrôles. Exclus des écoles et des jardins publics, le cimetière est devenu leur cour de récréation. Ils squattent des appartements désertés, organisent des jeux de rôles en guettant les coups à la porte. Ils sont lucides, sachant que tôt ou tard leur tour viendra…

À mi‑chemin entre Alice au pays des merveilles et le Journal d’Anne Frank, les chapitres de ce livre sont autant de courtes nouvelles. Ellen, merveilleuse petite fille au cœur débordant d’amour, en est le personnage central. Dans un univers apocalyptique, une atmosphère terrifiante, l’innocence de l’enfance parvient à préserver de fragiles espaces de rêve, des rêves auxquels on ne croit pas mais qui permettent de survivre. Très différent de ce qu’on a déjà pu lire sur l’Holocauste, cet ouvrage d’un grand écrivain à la mémoire des enfants exterminés sublime et transfigure l’horreur absolue du massacre des innocents.