Le Magazine littéraire, février 2007, par Tâm Van Thi

Œuvre majeure de la littérature persane que ce Divân célébré par Goethe comme par Victor Hugo, et vénéré en Iran. Son auteur, Hâfez de Chiraz, incarne la figure même du poète oriental, et dans Le Divân (terme signifiant « recueil » en persan et qui englobe toute l’œuvre du poète), il aborde aussi bien des thèmes courtois traditionnels (l’être aimé, le vin, la beauté, la coupe…) que le contexte historique troublé du XIVe siècle (la fin de l’Empire mongol d’Iran), puisant son inspiration dans le soufisme, le Coran mais également dans la vie de cour, l’armée ou le commerce, et, de manière générale, dans la ville de Chiraz, où il vécut toute sa vie.

Comprenant 486 ghazal (poèmes), l’œuvre de Hâfez est traduite pour la première fois dans son intégralité en français. Les éditions Verdier, qui ont ouvert, avec cet inédit, leur collection de livres de poche, ont assorti le texte d’une remarquable introduction de Charles‑Henri de Fouchécour, « maître des études persanes en France », d’un très utile index thématique, et de commentaires détaillés qui offrent de précieuses pistes d’interprétation. En effet, chaque ghazal porte, par de subtils jeux sur la langue, des significations symboliques qu’aucune traduction ne peut exprimer. Ce « miroir du monde » reste avant tout un « monument ouvert », et pour reprendre les mots de Hâfez : « Je possède un joyau et cherche quelqu’un qui sache le regarder » (Divân, 373,4).