Technikart, février 2009, par Julien Bisson

[…] Sarah Streliski. Auteure d’un premier roman paru dans le quasi-anonymat en 2003 chez Gallimard (Le Pli), cette Parisienne de 35 ans a, depuis, rebondi chez Verdier grâce au bon flair des frangins Ruffel (directeurs de la collection « Chaoïd »). Avec Accident, elle livre un récit ensorcelant, qui jongle entre les époques et les narrateurs sans pour autant s’essouffler. Au cœur de l’intrigue, Samuel, un traducteur de Shakespeare à la dérive. Largué par sa copine, enfermé en institut psychiatrique après une bête claque lancée à sa sœur, le jeune homme trouve, à son retour chez lui, son grand-père Abraham, dit Baba, personnage fantasque et mystérieux qui a ici élu domicile. C’est le début d’une étrange relation entre les deux hommes, qui voit l’aïeul égrener l’histoire secrète de la famille à son petit-fils. D’auditeur fasciné, Sam va devenir le récipiendaire de ce destin tourmenté, avant de prendre la plume pour faire éclater la vérité.

Tragédie égarée à la lisière du burlesque, hantée par la figure de Shakespeare et de son Hamlet vengeur, cet Accident témoigne d’une maîtrise romanesque habile, malgré une construction parfois gigogne et quelques longueurs pardonnables. Il affirme surtout le désir d’une littérature féminine ambitieuse, loin des carcans psycho qui l’enserrent trop souvent. Girl power, mec !