Indications, mars 2007, par Marie-Pierre Jadin

La première chose qui frappe, dans l’écriture de Didier Daeninckx, c’est le don qu’il a de nous rendre visibles les marques du temps, dans des lieux qu’il doit connaître et affectionner particulièrement, comme Paris et certaines de ses banlieues. Les deux premières nouvelles ont pour lieux cette ville et ses abords, mais dans le premier texte, le narrateur évoque tout ce qui a changé en vingt ans, avec une précision étonnante, tandis que dans le deuxième, nous nous trouvons carrément plongés au cœur de la Seconde Guerre mondiale, dans un Paris occupé par l’armée allemande et en proie aux dénonciations…

Se greffent dans ces lieux, dans ces ambiances presque palpables, des personnages attachants, qui mènent des enquêtes intrigantes – et voilà pour le deuxième aspect de ce livre.

Dans la quatrième nouvelle, qui se passe quelques années après la première guerre dans la campagne laonnaise, on assiste à la rencontre de deux gendarmes français avec un ancien combattant noir, rescapé de la grande guerre, surpris en train de fouiller la terre à la recherche de squelettes. Ce dernier est jeté en prison alors qu’il souhaitait simplement reconnaître les siens parmi les morts et pouvoir offrir une sépulture à sa famille Canaque !

Le troisième texte est sans doute le plus « actuel » dans ses préoccupations, puisqu’il est question d’une star de la chanson… virtuelle !

Le titre du recueil porte bien son nom : l’Histoire est sans cesse rattrapée par les faux-semblants et le mensonge. Dans ces nouvelles, les ressemblances entre les êtres troublent notre perception de la réalité et toujours faussent notre jugement. Parfois cela nous sauve aussi, ou change le cours de notre vie.