CCP, mars 2014, par Hervé Laurent

Le commentaire des œuvres d’art doit-il rendre compte de la familiarité que l’analyste entretient avec elles ? Laurent Jenny démontre qu’il est essentiel de risquer l’exercice puisque c’est par lui que le lecteur pourra partager, au-delà de l’expertise, une expérience qui engage, en raison de l’ébranlement qu’elle provoque, un rapport renouvelé au monde. Recueillant sur la question, et les interrogeant avec finesse, les témoignages de Sartre, Debord, Proust, Stendhal (entre autres), l’auteur n’hésite pas à donner le sien, sa lumineuse érudition venant relayer un récit autobiographique qui, en retour, la justifie. Il ne suffit pas pour rendre compte de la fonction de l’art d’en écrire l’histoire ou d’en construire la théorie, encore faut-il tenter de savoir à quoi notre relation aux œuvres expose chacun de nous en sa qualité de sujet esthétique. Ce précieux livre parvient à le faire avec talent et sincérité.