Sortir, Le Temps, septembre 2014, par Elisabeth Chardon

Gustave Courbet met à nu femmes et paysages

La Fondation Beyeler et le Musée d’art et d’histoire de Genève s’unissent pour un double hommage.

 

A-t-il dans son nom quelque chose qui le prédisposait à mieux percevoir les galbes, les replis, les géographies tourmentées des paysages et des corps ? Gustave Courbet n’a cessé de les peindre, dès ses années de jeunesse et jusqu’à ses derniers jours en exil à la Tour-de-Peilz. Un exil qu’il devait, rappelons-le, à ce qui avait été pris, au moment de la Commune, comme un encouragement à abattre la napoléonienne et priapique colonne Vendôme. Condamné à payer le redressement du monument, notre peintre anarchiste est ruiné.

En 2013, David Bosc romançait dans une langue forgée pour cela les dernières années du peintre, remontant aussi volontiers le cours des ans, jusqu’à certaines sources essentielles. Dans La Claire Fontaine, il écrit : « Peignant la source de la Loue, qui est un trou sombre, d’un bel arrondi, vaste autant qu’une grange, d’où sort sans heurt ni remous un flot puissant, il fait sur elle un cadrage serré – on ne voit ni ne devine le grand corps de falaise qui domine, qui entoure et qui s’ouvre pourtant à la délivrance de l’eau. Courbet a fait ici une demi-douzaine de tableaux. Au premier abord, chacun d’entre eux oppose à qui les regarde une résistance de vitre blindée. Puis, la béance vous aspire (dans l’un des plus beaux noirs qui fut jamais peint), et cela peut être pour vous précipiter en plein ciel, ou sous lamer, ou dans celle des chambres du monde qui vous est la plus intime. »

Comment mieux dire les inspirations nouées, les flots confondus  ?

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