Livres hebdo, 12 septembre 2014, par Alexandre Fillon

L’isolé

Verdier fait découvrir l’œuvre d’Antonio Moresco grâce à un court roman.

À son éditeur, Antonio Moresco a présenté La Petite Lumière comme une « petite lune qui s’est détachée de la masse encore en fusion » de son prochain roman. L’entame donne le ton. « Je suis ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant », dit le narrateur qui s’est installé dans une maisonnette de pierre, face à un abrupt végétal. Au loin, des montagnes recouvertes de forêts à perte de vue. Autour de lui, la nature, le silence. Et juste une mince lumière qui s’allume chaque nuit, toujours à la même heure.

Notre homme regarde les arbres et les étoiles. Se promène la nuit, marche dans le noir, croisant deux blaireaux et un crapaud avant de rentrer se coucher. Le jour, il part équipé d’un bâton un peu tordu. Tombe sur un chien imposant qui se met à le suivre d’un pas lent et obstiné. L’animal, il le comprend bientôt, a les quatre pattes cassées mais ne laisse échapper ni plainte ni jappement. Il peut aussi lui arriver de s’arrêter pour parler avec « les animaux, les insectes, les plantes, toutes ces puissances végétales qui grouillent partout sur la ligne d’horizon ». Si les guêpes se montrent hargneuses, les hirondelles lui répondent ! Parfois, il prend sa voiture et se rend au village habité le plus proche afin de s’y ravitailler dans le magasin qui vend à manger et à boire, des journaux, des outils. Jamais pourtant il ne cesse de chercher d’où vient la lumière qui l’intrigue tant.

Né à Mantoue en 1947, Antonio Moresco est entré en littérature en 1993 avec Clandestinité. Verdier commence aujourd’hui à importer en France son œuvre avec ce texte envoûtant qui ferre d’emblée le lecteur et l’emmène vers un étrange voyage littéraire.