Notes bibliographiques, janvier 2015

Luba Jurgenson, écrivain, traductrice, maître de conférences, coéditrice chez Verdier, née à Moscou, vit à Paris depuis 1975. Elle a appris le français depuis 1966, sa famille russe voulant fuir l’URSS. Décryptant son rapport aux deux langues – elle écrit en français depuis 1981 –, elle explique en détail la double identité du bilingue à l’aide d’anecdotes, de réflexions personnelles, de références à la littérature. De retour aujourd’hui en Russie, elle est presque dépaysée. Celle qui s’est approprié deux mondes parle d’une seconde naissance : écrire dans une langue étrangère, c’est comme choisir ses parents. La traduction est un processus physique de passage d’un corps dans un autre. Or, celui-ci se meut différemment dans les langues qu’il maîtrise. Habitée par le langage, Luba apprécie en spécialiste cette situation de dualité, espace de liberté, souligne qu’il y a de l’autre en nous. Une vision subtile mais complexe des mécanismes littéraires et de l’utilité de ces « passeurs » que sont les traducteurs.