Noto, novembre 2015, par Marc-André Cotoni

Ni roman ni véritable journal, ce récit nous mène sur les pas d’une femme qui a entrepris de marcher seule. Trois étés durant, de Boulogne-sur-mer à la Belgique, des Ardennes à la Suisse avant de passer en Espagne, sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle cherche à épuiser dans cette déambulation salvatrice ses peines et ses pertes pudiquement évoquées, ainsi qu’à se réapproprier une terre dont elle s’est éloignée. Avec une écriture sèche et concise, Colette Mazabrard alterne brèves descriptions de lieux et fragments de dialogues pris à la dérobade ou partagés. Il n’y a pas ici ni renaissance ni miracle ; seulement l’impressionnante force motrice d’une femme, au auteur, dont on ne sait presque rien, mais qui partage avec nous quelques instants de vie, quelques sensations, quelques pensées, et qui parvient à faire parler le monde qui l’entoure. C’est un récit imprégné de l’odeur de la terre, de l’herbe humide, des sous-bois ; d’une nature qui absorbe jusqu’au personnage qui la traverse.