Libération, 2 avril 2016, par Robert Maggiori

De l’empereur Marc-Aurèle, on dit généralement qu’il est un « philosophe stoïcien ». Mais de quel genre d’ « affiliation » s’agit-il ? Est-il stoïcien comme on dit de tel penseur qu’il est kantien ou heideggerien, et ses « pensées », ses « exercices spirituels » doivent-ils tout au stoïcisme ? Répondre à cette question est l’occasion, pour Pierre Vesperini, de montrer ce que signifiaient les « discours philosophiques » en Grèce ou à Rome, et de contester le retour à l’« éthique antique » dont on parle tant depuis Pierre Hadot ou Michel Foucault. En fait, l’éthique ancienne peut se définir comme orthopraxie, c’est-à-dire une manière d’apprendre à agir de façon « droite » (à se comporter « comme il faut », au lit, lors d’un procès, pendant une maladie, devant la mort, les soins du corps, l’habillement, etc.). Dès lors le « souci de soi » n’a pas du tout le sens que lui donnait par exemple Foucault : il est constitué du regard social que l’on porte sur nous.