La Liberté, 2 mai 2009, par Alain Favarger

Sur les traces de Descartes

Ce libelle n’est pas un traité de philosophie. L’apport de Descartes à cette discipline y est principalement résumé à quelques formules célèbres (« je pense, donc je suis », « douter, c’est penser », ou la raison, comme le dit le Français dans la foulée de Thomas Hobbes, c’est « le calcul des conséquences »). Le but de l’écrivain natif de Brive est plutôt de montrer comment l’auteur du Discours de la méthode a conçu et rêvé son œuvre hors de France, en Allemagne, avant de la rédiger aux Pays-Bas. Ce qui nous vaut sous la plume enveloppante de Pierre Bergounioux un tableau synthétique de l’Europe de la Renaissance, étape cruciale de l’accélération de l’Histoire et de l’éveil du moi, à la consolidation des États-nations au XVIIe siècle.

L’essayiste souligne que la France ne se prête guère à l’époque, comme souvent d’ailleurs, à l’activité philosophique, ses institutions, sa religion, son goût prononcé pour la vie sociale et la conversation étant plutôt hostiles « au libre examen sans lequel bien des choses, importantes, resteront hors d’atteinte de l’esprit ». C’est pourquoi un Descartes préfère s’exiler, humer en bordure de la mer du Nord « des vues autonomes, indifférentes à l’autorité ». Ainsi cet essai alerte permet de fixer les étapes du parcours biographique et intellectuel de celui auquel les Français doivent leur réputation de raisonner de manière claire, logique et méthodique…