La Côte, 1er juillet 2016, par Daniel Bujard

La Suisse de Gustave Courbet

Publié en format poche, le roman de David Bosc revient sur les dernières années du peintre au bord du Léman.

La beauté diaphane du verbe tire quelquefois ses traits de la rigueur et de l’exigence, comme celle qui se dégage du roman de David Bosc, intitulé La Claire Fontaine. Un titre en forme de mystère poétique égal à celui planant parfois sur les œuvres du Moyen Age.

Le 23 juillet 1873, le peintre Gustave Courbet passe la frontière suisse aux Verrières. Comme ses malheureux prédécesseurs, les Bourbaki, du nom de l’armée française en déroute suite à la débâcle de 1871, Courbet fuit non les Prussiens, mais la Commune de Paris, dont il fut l’un des principaux animateurs. À l’automne de sa vie, Courbet est un immense peintre à la réputation reconnue. Mais son engagement politique – il est à l’origine du déboulonnement de la colonne Vendôme – l’oblige à l’exil à la Tour-de-Peilz.

Sensuelle, colorée, musicale, l’écriture de David Bosc charme et envoûte son lecteur grâce à une faculté d’observation rare. Un balancier rythmé, allant et venant entre l’anecdote historique et l’agencement du verbe fin. Il y a comme un petit air de Ramuz ou de Chessex chez Bosc quant à l’art de débusquer les attitudes vaudoises. « C’était mal comprendre le caractère vaudois : les gens de ce pays prennent en grippe qui bon leur semble, fût-ce le meilleur de leurs enfants, et leur courage serait convoqué par la médisance d’étrangers, les calomnies d’indicateur de police de l’hallali au déserteur, cela s’était vu », écrit le romancier français installé en Suisse.

Espionné, Courbet ne boudera pas son plaisir et peindra quelques-unes de ses plus belles toiles dans la cité lémanique avant d’y mourir en 1877 à l’âge de 58 ans. Bleu, noir, acier ou encore azur immaculé, le livre de David Bosc explose de mille feux face à l’artiste qui avait fait sienne une citation mise en évidence dans son atelier parisien : « Fais ce que tu vois et ce que tu ressens, fais ce que tu veux. »

Une ode à la liberté, une magnifique lettre d’amour à l’attention de Courbet.