William Butler Yeats

Les Errances d’Oisin

Poèmes de jeunesse I 1889-1899

Édition bilingue. Traduit par Jacqueline Genet, François Xavier Jaujard et Jean-Yves Masson. Préface de Jacqueline Genet

Collection : Littérature anglaise

352 pages

18,77 €

978-2-86432-396-9

octobre 2003

Avant de devenir, des Cygnes sauvages à Coole aux Derniers poèmes, l’un des fondateurs de la modernité poétique, W.B. Yeats a d’abord été, ainsi qu’il l’écrira en 1931 dans L’Escalier en spirale, l’un des « derniers romantiques ».
Sous le double signe de la Renaissance celtique et du symbolisme préraphaélite, le jeune Yeats s’est rapidement imposé, dès avant le tournant du siècle, comme l’un des poètes majeurs de sa génération.
Les quatre recueils réunis dans ce volume, parus entre 1889 et 1899, le montrent déjà maître dans son art, même s’il se cherche encore. « Errant » comme son double mythique Oisin, héros de son premier poème narratif, le premier Yeats voudrait parvenir à faire la synthèse entre sa tentation de fuir le monde (pour s’évader dans l’imaginaire antique, oriental ou celtique), son goût des recherches occultes, et son engagement politique au service de l’Irlande en quête d’indépendance.
Le voici, ainsi que le dit un titre adopté en 1895, à La Croisée des chemins. Il trouvera d’abord dans la Rose, emblème à la fois de la femme aimée, de l’Irlande, et de l’unité du divers, l’un des symboles-clés de sa poésie. Mais c’est en approfondissant l’expérience de l’amour qu’il parvient, avec Le Vent dans les roseaux, à écrire le premier d’une longue série de chefs-d’œuvre.

Les oiseaux blancs

 

Je voudrais que nous soyons, mon amour, des oiseaux blancs sur l’écume de la mer !
Nous nous lassons de la flamme du météore avant qu’elle ne s’éteigne ou ne s’enfuie.
Et la flamme de l’étoile bleue du crépuscule, en suspens au bord du ciel,
A éveillé dans notre cœur, mon amour, une mélancolie qui ne peut pas mourir.

 

Une langueur émane du lys et de la rose, les rêveurs de la rosée.
Ah, ne rêve pas d’eux, mon amour, ni de la flamme errante du météore,
Ni de la flamme de l’étoile bleue qui s’attarde, en suspens quand tombe la rosée,
Car je voudrais que nous soyons, toi et moi, changés en oiseaux blancs sur l’écume vagabonde !

 

Je suis hanté par des îles sans nombre, et par les rivages de Dana,
Où nous serions oubliés du Temps, épargnés par la Douleur,
Éloignés de la rose et du lys et du tourment des flammes,
Si nous étions des oiseaux blancs, mon amour, emportés sur l’écume de la mer !

 

(Extrait du recueil La Rose)