William Butler Yeats

Responsabilités

Poèmes de jeunesse II 1900-1914

Édition bilingue. Traduit et présenté par Jacqueline Genet

Collection : Littérature anglaise

352 pages

18,77 €

978-2-86432-397-6

octobre 2003

Publiés par W.B. Yeats entre 1903 et 1914, les ouvrages rassemblés dans ce volume sont autant d’étapes sur le chemin de la maturité. Si des poèmes narratifs comme La Vieillesse de la reine Maeve ou Baile et Ailinn portent encore la marque crépusculaire de la « Renaissance celtique », les recueils Dans les sept bois (1904) et Le Heaume vert (1910) traduisent une évolution décisive. En renonçant au vague de la rêverie romantique, en resserrant ses vers, en portant sur le monde un regard plus soucieux du détail concret, Yeats est déjà sur la voie de ses œuvres majeures. L’amitié d’Olivia Shakespear ou de Lady Gregory, l’influence bénéfique de Synge et de Pound y ont contribué.
Quittant la tour d’ivoire du symbolisme, Yeats affirme sa volonté de descendre dans l’arène. En même temps qu’elle devient plus ouvertement autobiographique, sa poésie se fait ainsi le miroir des événements contemporains – non sans amertume, car c’est aussi par sa capacité d’indignation face à la médiocrité de la vie publique que Yeats interpelle ses contemporains. Le titre du recueil qui paraît en 1914, Responsabilités, entend ainsi signifier que le poète a un rôle à jouer dans l’avènement d’un nouvel âge où l’art saura réveiller en l’homme la puissance endormie de l’imagination créatrice.

Pas de seconde Troie

 

Pourquoi la blâmerais-je d’avoir empli mes jours
De malheur, d’avoir récemment
Enseigné aux ignorants les plus grandes violences
Ou précipité les petites rues contre les grandes,
Si leur courage était égal à leur désir ?
Comment l’apaiser, avec un esprit
Que la noblesse rendait simple comme le feu,
Avec une beauté comme un arc tendu, d’un genre
Qui n’est pas naturel par le temps d’aujourd’hui,
Noble, solitaire et austère à l’extrême ?
Qu’aurait-elle pu faire, étant ce qu’elle est ?
Y avait-il pour elle une autre Troie à brûler ?

 

(Extrait du recueil Le Heaume vert et autres recueils)