Lutz Bassmann

Haïkus de prison

Collection : Chaoïd

96 pages

9,94 €

978-2-86432-536-9

mai 2008

Le monde est devenu plus rude. On ne peut plus comme avant contempler les fleurs des cerisiers, ni philosopher avec des amis autour d’une coupe de vin. Désormais, quand on regarde les nuages, c’est à travers les barbelés. Quand on s’endort, c’est dans la promiscuité et les mauvaises odeurs. Plus rien n’est paisible. La poésie persiste en dépit des circonstances, l’humour et le détachement continuent à ordonner l’existence, mais la voix s’éraille. La voix ne cherche plus à faire preuve d’élégance. Celui qui parle veut surtout, avant d’être brisé, apporter son témoignage.

En choisissant le haïku comme forme d’expression, Lutz Bassmann raconte une histoire. Il décrit les menus événements du quotidien de la prison, il donne vie aux figures qui l’entourent, il invente des personnages : l’idiot, le révolutionnaire dogmatique, le bonze désenchanté, le cannibale, et tant d’autres que de nouveaux malheurs menacent.

La feuille d’appel s’est envolée
le soldat rougit il bredouille
des noms imaginaires

 

La feuille d’appel s’est envolée
trente détenus virevoltent
entre voie ferrée et nuages

 

Les soldats comptent et recomptent
il est pourtant improbable
qu’un clandestin rôde parmi nous

 

Nous sommes alignés sur le remblai
je respire le vent plein de bruits
nous respirons le vent plein de bruits

 

Le premier qui monte dans le wagon
a l’impression fugitive
qu’il est maître de son destin