Théroigne de Méricourt, Jackie Pigeaud

La lettre-mélancolie

Lettre adressée à Danton en 1801

22,5 x 25 cm, avec 4 planches doubles, dépliantes, reproduisant en couleurs la lettre. Couverture sur Ingres et jaquette de protection illustrées en couleurs. Coédition Verdier / L'Éther Vague. Édition établie par Jackie Pigeaud. Transcription par Jean-Pierre Ghersenzon

Collection : Histoire

52 pages

25,36 €

978-2-86432-463-8

octobre 2005

En 1801, Théroigne de Méricourt adresse cette lettre à Danton, mort en avril 1794. Lettre folle, donc. Au demeurant, « la belle liégeoise », l’amazone révolutionnaire, a été déclarée officiellement folle en septembre 1794, et enfermée de ce moment jusqu’à la fin de sa vie, en 1817.
Cependant, dès le premier regard sur l’objet-lettre, deux feuillets écrits recto verso à l’encre sépia sur un papier chiffon bleu, c’est sa beauté qui saisit et immédiatement fascine. Un réseau de mots serrés, sans lisibilité apparente, surchargé, raturé, occupant furieusement tout l’espace disponible, et néanmoins d’une grande sûreté de main, comme on le dit du travail d’un artiste.
Théroigne, Danton, deux noms accolés qui évoquent plutôt la Terreur que la rêverie esthétique. D’ailleurs, le premier fragment que l’on réussit à lire, « et les causes je le dirais au prix de mille vies », rappelle énergiquement que cette lettre renferme une volonté de sens et s’adresse à un destinataire. Il est mort depuis sept ans, qu’importe ! à la même époque Théroigne a sombré dans la folie. Alors, où trouver le sens, son sens et la nécessité de sa publication qui, plus tard, s’est imposée aussitôt, comme on enregistre au plus vite un miracle, le miracle de la préservation ?
Jean-Pierre Ghersenzon a réussi le tour de force de décrypter le texte et d’en proposer une sorte de transcription juxtalinéaire. Travail précieux qui, tout en déchargeant cette lettre de toute portée historique véritable, la recharge tout aussi bien d’une sorte de magnétisme poétique.

Annales historiques de la Révolution française, deuxième semestre 2006, par Maïté Bouyssy

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