Issa

Kobayashi Nobuyuki, appelé aussi Yataro, est né en 1763 au village de Kashiwabara, dans le Shinano (l’actuelle préfecture de Nagano). Son père, Yagobei, et sa mère, Kuni, sont paysans. Quand celle-ci meurt, il n’a que trois ans ; c’est désormais sa grand-mère, Kanajo, qui l’élèvera. Dès l’âge de six ans, Shimpo l’aubergiste l’initie à la poésie et aux textes bouddhiques. Mais bientôt il abandonne l’étude pour travailler nuit et jour à la ferme familiale sous la férule de la seconde épouse de son père.
Après la mort de sa grand-mère, en 1777, il part à Édo où il connaît le froid et la faim. Il se consacre au haiku et s’associe à l’école de Katsu Shika (un disciple de Bashô), dirigée par Nirokuan Chikua à qui il succède en 1790, avant d’être évincé pour la liberté qu’il prend avec les règles qui régissent cet art.
En 1791, Issa – plus précisément : « le moine Issa du temple haikai », c’est le nom qu’il se donne –, vêtu d’une simple robe et le crâne rasé, entreprend alors un pèlerinage de sept ans qui le mènera jusqu’à l’île de Shikoku.
De retour à Kashiwabara, il sera au chevet de son père pour entendre ses dernières volontés : Issa doit reprendre sa place dans la maison et fonder une famille. Mais sa belle-mère et son demi-frère s’y opposent et contestent son droit à l’héritage. Il repart à Édo, publie Chichi no shuen nikki (Le journal de la mort de mon père) et reprend sa vie d’errance jalonnée de rencontres avec les rares personnes qui reconnaissent son talent et partagent avec lui l’amour de la poésie.
Cependant sa renommée a grandi lorsque, à l’âge de cinquante ans, Issa peut enfin vivre chez lui. Il épouse Kiku, une femme alerte et gaie. Or il devra, au cours des dix années qui vont suivre, voir mourir sa femme et les quatre enfants qu’elle avait mis au monde. Oraga haru (Mon printemps, 1811) est achevé.
Après un remariage malheureux et de courte durée avec la fille d’un samurai en 1824, il est victime d’une deuxième attaque qui le paralyse (la première avait suivi la mort d’un de ses fils).
Il ne sait pas, lorsque Yao – une jeune nourrice, fille de paysans – devient sa femme, qu’il lui reste peu de temps à vivre et que les épreuves ne lui laisseront aucun répit : un incendie détruit sa maison. Réfugié dans les dépendances, il subit un nouvel assaut de la maladie et meurt le 19 novembre 1827. Il ne verra jamais Yata, sa fille, née au printemps.
Issa est enterré sur le mont Komaru auprès des siens. Sur sa stèle de pierre, on peut lire :
Alors c’est donc ça
ma demeure pour la vie ?
cinq pieds de neige

Aux éditions Verdier

Laurent Mabesonne alias Seegan Mabesoone, Français chargé des relations internationales à la mairie de Nagano, et fervent adepte du haïku, vous fait découvrir sa passion pour la poésie japonaise et pour la ville natale de Issa.