Le Monde des livres, 25 avril 2014, par Florence Bouchy

Calcutta Song

Portée par le désir de partir, sans vraiment savoir où ni pourquoi, Dominique Sigaud accueille comme une évidence le nom de Calcutta, derrière lequel semble se cacher la promesse d’un « déplacement intérieur, cérébral, poétique », la possibilité de se « laisser séduire […], gagner par autre chose, qui rebatte [l]es cartes ». Elle part en Inde, dans le cadre d’une résidence d’écrivain, passe quelques jours à Delhi puis séjourne à Calcutta. Peu à peu surgit dans ses rêveries, au détour des expériences qu’elle fait et des lieux qu’elle découvre, la figure de Marguerite Duras. Les réminiscences du Vice-Consul (1965) et d’India Song (1973) se mêlent aux marches de l’auteure dans la ville. Partir, Calcutta est ainsi le récit d’un séjour en Inde, mais surtout celui des retrouvailles avec Duras et avec ce que ces écrits ont laissé entrevoir à Dominique Sigaud lorsqu’elle les a découverts, jeune fille, la « liberté dont elle dotait ses propres personnages et d’où vient mon amour pour ses textes », écrit l’auteure. L’influence de Duras est si forte que l’écriture de Partir, Calcutta en est parfois imprégnée de manière trop évidente. Mais le trajet intérieur qu’elle permet d’accomplir en est d’autant plus troublant.