Études, janvier 2010, par Yves Simoens

Ce « double commentaire sur le Cantique des cantiques » selon la Parabole et le Symbole, se trouve expliqué par Julien Darmon, le traducteur de l’original hébreu, dans sou introduction : « Les âmes du chantre ». M.-L. Malbim (1809-1879), maître polonais du judaïsme rabbinique, illustre la Haskala, les Lumières juives, dans son rapport à la philosophie kantienne et aux sciences de l’époque. Sa lecture s’inspire des quatre sens du pechat, « sens littéral ou premier », du rémez,« l’ensemble des connaissances et obligations sacrées, présentes dans le texte biblique sur le mode de l’allusion », du derach, « la lecture homilétique des versets bibliques », et du sod, l’enseignement cabalistique en l’occurrence (en abrégé : pardès). Le lecteur peu familier du Zohar et de la cabale est dérouté, mais assez en est dit pour stimuler l’intérêt à l’égard de cette interprétation. La lecture allégorique articule le Bien-Aimé au Seigneur céleste, la bien-aimée à l’âme spirituelle et divine, les filles de Jérusalem aux facultés du corps, l’enfermement dans le palais du roi à l’appétence des sens pour dominer l’esprit. Un glossaire des termes philosophiques hébraïques aide la consultation de ce bel ouvrage. S’en dégage la nécessité d’allier plus que jamais lecture anthropologique et théologique pour ne pas verser dans un certain ésotérisme qui risque d’éloigner du texte biblique.