La Liberté, 2 juin 2007, par Alain Favarger
La barbarie vue par des enfants
Paru en 1948, Un plus grand espoir est le roman unique d’Ilse Aichinger. Un texte puissant sur la « peste brune » vue par des yeux d’enfants dans une ville qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Vienne. La ville natale d’Ilse Aichinger qui publiait ainsi à vingt‑sept ans, bien avant Le Tambour de Günter Grass, la première grande fiction sur le scandale du nazisme. Traduit une première fois en 1953, ce texte nous revient dans une nouvelle version et avec une postface qui en situe l’importance dans la littérature allemande. Livre phare en effet, centré sur la figure d’Ellen, une fille de douze ans qui dans une ville soumise au poison de l’antisémitisme se démène pour obtenir un visa qui lui permettrait de rejoindre sa mère en Amérique. Le livre déploie une succession de scènes où une ribambelle d’enfants juifs, les amis d’Ellen, opposent leur espoir, leurs jeux et leurs facéties à la barbarie ambiante. D’où une sorte de voyage halluciné, porté par une écriture poétique, pour dire la puissance des faibles dans un monde sans pitié.
En parallèle, les éditions Verdier publient un recueil de nouvelles de la romancière sous le titre Eliza, Eliza. Une suite de récits sombres, imprégnés par le sens de l’absurde d’un Kafka, où l’oppression et l’asphyxie sont toutefois contrecarrées par l’inattendu, la logique des rêves et les trésors de l’enfance.