Tatouvu, mai 2003, par Manuel Piolat Soleymat
Le doigt dans l’engrenage
L’univers créé par Felipe Hernández est troublant, parfois même pesant. Il y a quelque chose de Kafka et de Beckett dans l’énigmatique relation qui se noue entre Andrés Vigil, jeune dessinateur ayant contracté une dette pour l’achat d’un violoncelle, et Alejandro Godoy, sorte de parrain mafieux qui, après avoir tué l’usurier du jeune homme, reprend la dette à son compte. Témoin du meurtre, Andrés croit en être quitte pour une scène d’horreur lorsqu’il s’aperçoit que Godoy vient d’emménager dans l’appartement situé au-dessus de chez lui. C’est là que, tout à coup, sa vie dérape. Afin de s’acquitter de sa dette, le jeune homme accepte d’entrer au service de l’étrange personnage… La Dette est le premier roman de Felipe Hernández à paraître en français. Sans jamais forcer le trait, l’auteur espagnol compose un paysage noir fait de mystères et de symboles. Il installe, de page en page, une logique souterraine, occulte, qui régit une communauté de personnages comme dépouillés de libre-arbitre. Bienvenue dans le monde de l’étrange : ici, le hasard flirte dangereusement avec la prédestination.