Libération, 6 juillet 1995, par Gérard Meudal
Comme dans un cauchemar, les visions les plus farfelues se succèdent sans lien logique, et le livre de Gert Jonke peut passer d’abord pour un recueil de nouvelles fantastiques plus que pour un roman. Il apparaît pourtant que le sujet même du livre est la question de la narration, et que son apparent désordre est une façon de s’interroger sur la validité de ce lien. Comme dans L’École du virtuose et Musique lointaine, Gert Jonke construit un univers où la fiction ne cesse de dénoncer ses propres lois. Les catégories traditionnelles de temps et d’espace sont bouleversées. […]
La Guerre du sommeil pourrait être à la fois le journal apocryphe du musicien fou, une brillante démonstration par l’absurde des pouvoirs de la fiction ou une rêverie fantastique sur la carte d’Europe centrale au moment où se disputent les frontières et s’abolissent les certitudes.