Témoignage chrétien, 18 novembre 1994, par Maurice Chavardès
Luise Rinser est cette Allemande antinazie qui connut le camp de concentration et devint, après la guerre, un auteur de réputation mondiale. On lui doit une douzaine de livres traduits en français. Le dernier publié, dans une traduction de J.-Y. Masson, est intitulé : Miryam. C’est l’histoire de Marie Madeleine. Contrairement à la réputation qui lui a été faite, Marie Madeleine – Miryam – ne fut pas une prostituée, mais une femme libre dans une nation où les femmes ne l’étaient pas.
Miryam, qui refuse d’être mariée par son père, selon la coutume, s’interroge : pourquoi les femmes sont-elles soumises aux hommes ? Pourquoi s’instruire est-il interdit aux femmes ? Elle honore le Dieu d’Israël, mais connaît les écrits de Platon et la philosophie grecque. Et quand elle rencontre Jésus, elle sait que sa quête de vérité, de justice et d’amour a trouvé enfin son objet. Avec lui, elle ira dans les tavernes que fréquentent les publicains, les charretiers et les filles faciles. N’est-ce pas là que Jésus entendait « les plaintes et les imprécations contre les Romains, les prêtres, les riches » ?
Luise Rinser, qui fait de Marie Madeleine la narratrice de ce récit biographique, s’appuie sur une sérieuse documentation historique et une grande connaissance du judaïsme. Elle conteste l’authenticité de certaines paroles évangéliques, notamment au sujet de la trahison de Judas. Et elle laisse à chacun la liberté de voir en Jésus un prophète humain ou l’envoyé de Dieu. Miryam est un grand livre, un livre profond, émouvant, bien écrit…