La Gazette Nord-Pas de Calais, 12 février 2013, par Patrick Beaumont
C’est à Roppongi, un quartier de Tokyo, que Josef Winkler apprend la mort de son père, âgé de 99 ans, dans le village de Carinthie où lui-même est né et dont il a bâti de livre en livre le mythe tragique et funèbre. Ce père qui est sans doute le personnage central de son œuvre lui avait un jour défendu de venir à son enterrement : l’éloignement se sera donc chargé d’exaucer son vœu. Entre le « laboureur de Carinthie » et son fils, l’enfant prodigue qui n’a cessé de partir toujours plus loin, vers l’Italie ou vers l’Inde, il n’y aura donc pas d’adieux. C’est par l’écriture, en onze étapes initiatiques et mémorielles, que l’écrivain entreprend de se réconcilier avec le vieil homme qui, on le devine au fil des pages, n’aura été si impitoyable pour son fils que parce que la vie ne l’a lui-même en rien ménagé. Ce livre de deuil, qui reprend et magnifie tous les grands thèmes de l’œuvre de Winkler, est aussi un livre d’apaisement.