Page des libraires, avril 2003, par Joëlle Lesauvage
Natura Morta est une succession de tableaux situés à Rome, entre un marché très populaire et unVatican très touristique. Josef Winkler, tel un peintre, nous offre des compositions à la manière de ces tableaux qui, à force de détails, sont non plus dans la ressemblance mais dans la vérité. Son regard s’attache à pointer au plus près les faits, gestes, pensées et arrière-pensées de tout un monde : bouchers, mendiants, éclopés, Tziganes, mammas et bambini. Piccoletto, le bel adolescent, mène le bal, allant de sa mère, la marchande de figues, aux garçons et filles de son âge et aux autres, ceux de la rue. La rue, au cœur de la vie et qui sera au cœur de la mort. Ô combien les mots de cet écrivain sont puissants quand il peint cette scène tragicomique dans un décor aux traits précis, aux couleurs vives et aux bruits si aigus. Ce beau livre, à la fois mosaïque et symphonie, nous convie à regarder et écouter le monde.