Page des libraires, février 2013, par Justine Fredez, Librairie L’Atelier (Paris 20e)

Dans cette prière littéraire en onze stations adressée à une figure paternelle à peine disparue et trop lointaine pour être bénie une ultime fois, Josef Winkler livre des bribes de ses carnets noircis lors de ses voyages en Inde, à Varanasi, théâtre sacré des incinérations autant que lieu de purification des vivants. L’écrivain se fait le réceptacle de visions, de sensations olfactives et sonores éprouvées alors qu’il est spectateur et scripte de cette disparition des corps toujours recommencée, unique et pourtant si incompréhensiblement banale. Hors du temps, cet éclatant poème de la mort et de la vie confondues constitue l’histoire et l’envers de l’écriture de Sur la rive du Gange, développé au rythme d’un rituel funéraire. Les observations crues et terribles des bûchers s’entremêlent à une réalité personnelle, la mort du père et son enterrement, pour faire de la fuite de Josef Winkler de son village natal et de ses blessures d’adolescence la recherche de l’essence même de l’existence.