Télérama, 18 octobre 2006, par Christine Ferniot
Hugo roi
« Etre poète, c’est être roi, mais d’une royauté secrète », écrit Jean-Yves Masson à propos de Hugo von Hofmannsthal dont il a traduit de l’allemand l’intégralité des poèmes dans un superbe volume intitulé Le Lien d’ombre. Connu aussi comme librettiste de Richard Strauss, l’auteur de la Lettre de lord Chandos écrivit l’essentiel de son œuvre poétique entre 16 et 25 ans, à la toute fin du XIXe siècle. La lire aujourd’hui (en version bilingue), c’est en apprécier la beauté crépusculaire, l’obsession de l’innocence perdue, de la fuite du temps. Comme l’exprime la dernière strophe du recueil : « À présent je te guide, tu ne sens que ma main : / Jadis, J’avais sept ans… / Et ce qui brille d’une clarté livide, tracé / Par une main spectrale dans l’obscurité ! » À lire également, l’essai remarquable de Jean-Yves Masson, Hofmannsthal renoncement et métamorphose, qui éclaire le trajet intellectuel de l’écrivain.