La Voix de l’Aisne, 17 juillet 1994, par Yves-Marie Lucot
Petits poèmes sur les lèvres de Joan
[…] Le haïku est un poème traditionnel de dix-sept syllabes réparties en un vers de cinq suivi d’un vers de sept fermé par un autre vers de cinq syllabes. Cette prosodie singulière de l’impair remonte à la nuit des temps et chaque poème ainsi libellé par de véritables artistes issus d’écoles du genre, évoque un événement insignifiant au premier chef mais témoin à la réflexion d’une harmonie délicate et fugitive des instants de la vie quotidienne. Ainsi portent-ils à la surface du jour d’intimes leçons d’espoir, de bonheur, de plaisir ou de résignation. « Lorsque l’on vieillit/même la longueur des jours/est source de larmes » dit un haïku du moine Issa du temple de haïkaï, qui après bien des tourments, mourut de maladie en novembre 1827 et fut enterré sur le mont Komaru. Sur sa stèle on peut encore méditer ce poème : « Alors c’est donc ça/ma demeure pour la vie ?/ cinq pieds de neige. »