Le Monde des livres, 9 mars 2012, par Florence Noiville

Géographie intime

En 2008, avec Éloge des voyages insensés (prix Laure-Bataillon et prix Russophonie 2009), le public français a découvert Vassili Golovanov, Nicolas Bouvier russe. Un auteur moscovite, né en 1960, qui nous embarquait vers une île de la mer de Barentz, une sorte d’utopie couverte seulement de « quelques baraques, trois ivrognes et des chiens qui aboient ». Dans Espace et labyrinthes, l’écrivain continue son exploration, mi-réelle mi-rêvée, du territoire russe. D’une plume un peu tremblée, toujours superbement sensible, il nous offre six récits de périples tout aussi improbables. Des virées dans des « trous perdus » aux sources de la Volga, dans les steppes de l’Asie centrale, aux confins de la Mongolie, sur les bords de la Caspienne… Tous ces lieux ont « un goût de tendresse amère, écrit-il, comme si j’allais rendre visite à des vieux parents, à un je-ne-sais-quoi en train de disparaître ». Une géographie intime où la quête de la langue épouse celle de la terre, rappelant l’indissociable « parenté du vers et de l’univers ». Un auteur à découvrir.