Books, avril 2011
Cardiographie de la Russie profonde
Un médecin de province témoigne de la misère de certaines régions russes, que le pouvoir abandonne à leur sort.
En 2005. Maxime Ossipov, cardiologue, s’installe dans la petite ville de Taroussa, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou. Il intègre un hôpital public, dans lequel on ne trouve pas le moindre défibrillateur. Le médecin décide alors de trouver les financements nécessaires pour mettre en place un service de cardiologie digne de ce nom. C’était compter sans les complications administratives et l’hostilité des habitants eux-mêmes. L’expérience a donné naissance à un témoignage vif et plein d’humour sur l’état de la société, qui a ému la blogosphère russe en 2007. Ossipov y décrit des patients apathiques, qu’il a le plus grand mal à convaincre de prendre des médicaments, et met en lumière une province où l’alcoolisme est omniprésent, où les femmes sont victimes de violences et où les pouvoirs locaux copinent avec les bandes mafieuses. À Moscou, le quotidien Vedomosti n’a pas manqué de faire le parallèle avec des auteurs comme Tchekhov ou Boulgakov, eux aussi médecins, pour saluer un « récit aussi amer qu’empli d’amour ».