Le Figaro magazine, 14 mars 2009, par Olivier Mony

Bordeaux, années 1970. Pour Français (Paco pour les amis), la vingtaine rêveuse, il n’y a de vérité qu’au-delà des Pyrénées, sur le sable ocre des arènes et au plus près du souffle des taureaux. Il va « se jouer la vie », de places de taureaux miteuses en corridas truquées, dans le monde magnifique et corrompu de l’afición. Et au bout de cette éducation sentimentale et tauromachique, l’âpre goût du réel, les aubes froides des horizons perdus. Découvert avec Jours de marché (Liana Levi, 2005), François Garcia confirme avec ce très beau roman sa voix singulière. L’Espagne est moins ici une terre qu’un désir ou un état d’esprit. En des lignes tour à tour picaresques ou méditatives, il dresse un tableau furieux où se déploie le crépuscule d’un pays et s’épuise la jeunesse de son héros malheureux. Une épopée lyrique, truculente, douce-amère.