L’Indépendant, 26 février 2010, par Serge Bonnery

Le roman des illusions perdues

François Garcia exerce la médecine à Bordeaux, mais il est aussi un écrivain remarqué depuis la sortie, en 2005, de son roman Jour de marché (éd. Liana Levi) qui déjà avait à voir avec les racines espagnoles de l’auteur.
Dans Bleu ciel et or, cravate noire, François Garcia raconte l’histoire de ces jeunes Français qui, dans les années 1970, se sont frottés à la dure réalité du mundillo espagnol en voulant accomplir leur rêve : devenir torero. L’auteur sait de quoi il parle. Il a vécu cette expérience. Son roman, très autobiographique, en témoigne.
Là n’est pas le moindre intérêt de Bleu ciel et or, cravate noire. Mais pas le seul non plus. Car le roman de François Garcia ne naît pas de rien. Il est une authentique œuvre littéraire dans laquelle, au-delà de l’expérience personnelle qui y est racontée, on trouve un lien fort avec la tradition espagnole du roman picaresque. Les personnages, jusqu’à la 4 L dans laquelle les jeunes aventuriers de l’arène parcourent le campo qui prend tout à coup des allures de Rosinante, les descriptions des villages où ils tentent leurs premières confrontations avec les toros, le Madrid de la Puerta del Sol, ses artistes, ses toreros… François Garcia invente un genre : le road movie tauromachique.