Sud-Ouest dimanche, 30 avril 2006, par Serge Airoldi

Dans l’œil du toro

[…] Deck également reste fidèle à son histoire. Depuis longtemps, les toros questionnent ce Palois installé dans les Landes, et depuis longtemps il cherche le sitio d’où il pourra écrire sur eux, les dire, sans tomber dans le piège soudain de la corne. Pour cela, Olivier Deck explore les souvenirs, la périphérie du mundillo, les histoires qui restent quand on a tout oublié de la corrida. Déjà, en obtenant le prix Hemingway de la nouvelle taurine à Nîmes l’an dernier, il avait jeté un premier galet dans la rivière. La scène se passait alors dans un salon de coiffure madrilène tapissé d’affiches de corridas, où le patron devait soudain coiffer une sorte de punk devant un public de vieux amis installés en barrera, entre les peignes et le rasoir. Il revient cette fois avec un recueil de nouvelles, celles-ci cousines de celle-là. Nous sommes toujours à Madrid, dans les bistrots taurins et les gargotes. Voici en particulier la deuxième des dix nouvelles qui a donné son titre à l’ouvrage. Les Yeux noirs sont ceux de Juan, ancien novillero blessé par un toro qui emporta un jour l’éclat de son regard. Derrière les yeux noirs, Juan imagine quand même une lumière. Celle du cœur. Celle des vrais lendemains.