Le Figaro magazine, 11 mai 2012, par Olivier Mony
Bordeaux la blanche
Bordeaux, fin des années 1950. Alors que les « événements » d’Algérie font peser sur tout et chacun, sur chaque conscience aussi, comme un sombre pressentiment de désastre, quelques personnages comme surgis d’un fond de scène errent dans les rues de la ville à la recherche d’une cause, d’un amour, d’un destin. Il y a là Karim, l’Algérien, chassé de son pays par la violence d’un frère aîné qui se trompe de colère, Maxime, un étudiant anticolonialiste bientôt appelé sur le théâtre des opérations, et Federico, l’enfant de la famille Lorca – des réfugiés espagnols, épiciers dans le ventre de la ville.
Federico ! Federico ! est le troisième roman – celui de la maturité – de François Garcia. Dans une langue d’une oralité très travaillée, évitant les écueils conjoints des bons sentiments et des reconstitutions empesées, l’auteur, qui écrit comme Cabrera Infante et pense comme Albert Camus, confrontant les immigrations, offre un vrai condensé d’humanité. Dans le civil, Garcia est médecin. Il a aussi été torero. Soigner et combattre, il n’y a pas de meilleure école de la littérature. La preuve.