Midi libre, 2 mars 2012, par François Martin
Souvenirs des jours anciens
Il est des livres que l’on prend soin de garder. Bien en vue dans une bibliothèque. Rangés dans un recoin de notre mémoire. Toujours à portée de la main et du cœur, en tout cas. Le Fumeur de souvenirs est l’un de ceux-là. Le dernier opus de la trilogie du souvenir du Nîmois Alain Montcouquiol nous accompagne, comme ses deux autres recueils, dans le long chemin de la vie. Les images, les anecdotes, les portraits, plus ou moins tauromachiques, se succèdent au fil de ces tendres nouvelles. On se berce au son de la musicalité des phrases. On se délecte dans la fumée épaisse des souvenirs. On se laisse embarquer dans des histoires improbables. Il faut dire que les lignes restent d’une extrême pureté. Les mots d’une singulière simplicité. Le style aussi sobre et chatoyant qu’une bonne faena. Et la sensibilité, intacte, baigne toutes les pages, certainement les plus personnelles qu’ait écrites Alain Montcouquiol. Celles où flotte la douleur du frère disparu et aimé, avant d’apaiser l’âme au petit matin. À l’heure de refermer ce livre, avalé d’une traite, on reste là, bras ballants, bouche bée, le cœur encore palpitant à le laisser choir…