Télérama, 18 avril 2007
Face à face
Dès l’enfance, Alain Montcouquiol rêve de toréer. Un bout de chiffon, deux couteaux, et le voilà entonnant un paso doble dans la cour, avant de banderillier derrière la maison. Dans les années soixante, il est l’un des rares Français à réussir une carrière internationale. Pourtant, ce n’est pas sa vie qu’il raconte dans Recouvre-le de lumière, mais celle de son jeune frère, Christian, qui deviendra le premier grand torero français de l’histoire sous le nom de Nimeño II. Afin de rester à son côté, Alain abandonne sa carrière. Il évoque les années de galère, la misère en Espagne puis la gloire vertigineuse. Il décrit superbement la ferveur des arènes, la peur et les cris, la puissance des taureaux, le luxe des costumes. Mais il dit aussi l’accident de Christian qui l’empêchera de toréer à nouveau, la rééducation douloureuse et le suicide. Ce récit est un bel hommage, poignant et lumineux. La mort que les deux hommes n’ont cessé de défier est à chaque page, mais, aujourd’hui, Alain est seul à raconter le quotidien d’une passion démesurée.